Les touristes arrivent à Bethlehem avec cette image-ci dans la tête :
... et repartent avec celle-ci :
C'est absolument aberrant. Et personne ne dit ni ne fait rien.
Le mur
"Pour des raisons de sécurité", Israel construit un mur de béton de 8-12 mètres de hauteur sur environ 700 km de longueur autour de la Palestine (appelée West-Bank ici, puisqu'ils ne considèrent pas que la Palestine existe). À chaque 300 mètres environ, on retrouve des tours de tir "sniper" avec une vigile armée à l'intérieur.
Le mur de séparation emprisonne les Palestiniens dans leur propre pays. Avec une carte d'identité palestinienne, tu n'as pas le droit de passer de l'autre côté du mur, à moins d'une permission spéciale. Les seuls qui peuvent se déplacer librement sont les citoyens de Jérusalem ou ceux qui ont une double nationalité, donc un passeport étranger. S'ils veulent sortir du pays, ces derniers pourrons passer par la Jordanie pour prendre un vol à partir de Amman.
Check-point
Il sont littéralement emprisonnés chez eux. Pour passer de l'autre côté, il faut traverser des "check-point" militaires. C'est 100 fois pire qu'un poste frontalier... à l'intérieur même du pays. Il faut évidemment passer la sécurité (et être traité comme des chiens, même les touristes individuels (pas ceux en groupe organisé par des Tours israéliens) y passent).
Dans mon cas, ne comprenant pas trop comment faire, je suis restée coincée dans la porte pivotante en métal. Le haut parleur au-dessus de ma tête s'est mis à crier "hey, hey you! What's your problem!" et à faire des bruits de sirène super fort à 4 pouces de ma tête. Puis j'ai entendu rire et la porte s'est enclenchée. J'ai pu passer. À ce jour, je ne sais pas si c'est vraiment moi qui ne savais pas comment faire, ou s'il l'ont fait exprès pour me bloquer à l'intérieur... Juste pour m'écoeurer. Je prends l'option 2...
En sortant du check-point, je me sentais humiliée... Et je pensais à ces gens qui, chez-eux, sont contraints de se taper le check-point quotidiennement pour aller travailler ou aller voir de la famille. J'étais bouleversée.
Il y a en Palestine, 93 check points militaires et 533 postes militaires routiers entre les villes palestiniennes (source: Alternative Tourist group). Il faut parfois attendre des heures avant de pouvoir passer... Et ils peuvent décider de simplement fermer le check-point... Tu passeras une autre fois.
Selon Amnistie internationale, entre 2000 et 2006, 112 personnes ont été tuées à des check-points et 69 femmes ont donné naissance en attendant. 5 sont mortes et 35 bébés sont mort-nés. Mais ces statistiques sont vieilles... ça a probablement doublé depuis.
...Et la communauté internationale reste muette.
Éroder le territoire
En plus de priver les gens de libre circulation, le mur se construit également de façon à séparer les gens à l'intérieur même de ses limites. Selon l'UNRWA (mission des nations unies qui travailleauprès des réfugiés en Palestine) 80% du tracé du mur est effectué à l'intérieur du territoire Palestinien et en gruge de bonnes parties (J'en parlerai plus dans un prochain texte sur la colonisation).
Le mur passe donc en plein coeur de certaines communauté et leur coupe carrément l'accès à leurs terres cultivables. Dans d'autres cas, il passe au centre d'une municipalité et la sépare en deux. Donc, si ta famille habitait dans le quartier voisin, à 5 minutes de chez vous, ça peut prendre des heures pour contourner le mur afin d'aller leur rendre visite. Il y a même des maisons qui sont carrément entourées par le mur...
En arrivant à Bethlehem, j'ai rencontré une famille qui était dans cette situation là. Leurs fenêtres n'ont plus qu'une vue sur le mur, sur 3 côtés de la maison. Le reste de la famille habite juste en face... de l'autre côté du mur.
Ainsi, le mur est en train, subtilement, de gruger 47% du territoire palestinien, incluant Jérusalem-Est.
... Et personne ne fait rien.
Le musée du mur (Wall museum)
Sur le mur de Bethlehem, en plus des tonnes de grafitis que l'on y retrouve, un groupe de femmes à décidé d'apposer d'énormes bannières évoquant des faits vécus dans ce contexte d'invasion militaire. Elles appellent ça le Wall museum.
La loi internationale condamne le mur. Selon la cour internationale de justice, Israel serait dans l'obligation de retirer le mur et de réparer les dommages causés par celui-ci. Cette sentence date de 2004...
Personne ne fait rien. Au contraire, la communauté internationale -dont le Canada-, à travers son aide militaire à Israel, aide plutôt à financer le mur.
En ne disant rien, en ne faisant rien, nous endossons cette réalité et contribuons, nous aussi, au mur de l'apartheid.
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