Saturday, June 1, 2013

Séjour en Palestine 2 : vivre dans un camp de réfugiés

Durant mon séjour dans la région sud de la Cisjordanie, j'ai habité dans le camp de réfugiés de Dheisheh, près de Bethlehem. 
J'habitais chez la tante du coordonnateur d'une petite organisation qui travaille auprès des enfants et des femmes du camp. Ils étaient tous incroyablement gentils. La tante, Fatma, avait trois charmants enfants qui parlaient assez bien l'anglais. Ce qui me facilitait grandement la tâche pour communiquer! 
Tamar, 9 ans. Pleine de vie!
Leuh, 10 ans. Une jeune fille très intelligente. Une première de classe. Qui joue également du piano. 

Mon séjour au camp n'était pas prévu et pourtant j'y suis restée près de 3 jours. Fatma était très généreuse. Elle m'a nourri, m'a logé dans la chambre des enfants et m'a prêté un pyjama pour dormir et un t-shirt pour le lendemain. Tout ça totalement gratuitement. N'espérant rien en retour. C'est le côté culturellement et traditionnellement accueillant des Palestiniens.
Ma chambre! En fait la chambre des enfants... Avec le clavier de Leuh. 

Je n'avais rien sur moi. Uniquement ma petite sacoche de jour avec mon passeport, mon téléphone et ma caméra. Heureusement prévoyante (un minimum tout de même!) J'y avait glissé une paire de bobettes, au cas! Ça a bien fait! ;-)

J'y suis resté parce que, étrangement, je m'y sentais terriblement bien. Même si, au début, j'avais parfois un peu peur d'être là... à cause de la situation politique et économique, à cause de ce qu'on dit, à cause de ce qu'on voit... 

Je me sentais en confiance avec Fatma et ses enfants, mais quand de cousins, oncles, neveux... bref des hommes entraient dans la maison, je sentais une petite inquiétude, une petite peur... peur qu'on me vole, peur de la violence... Mais une fois que j'ai pris le temps de leur parler, la peur s'est dissipée.

Ils étaient tous super cool, éduqués, intéressants à discuter. Du vrai bon monde...

J'ai ensuite eu terriblement honte d'avoir douté. 

Je suis restée au camp de Dheisheh pour ce contact humain, pour le côté profondément authentique  et vrai de ces gens qui mordent dans la vie à pleines dents. Malgré leur situation de réfugiés, et maintenant de "prisonniers" du mur et de l'emprise israélienne, ils traversent la vie avec une telle vivacité. Ils semblent véritablement heureux malgré tout. Les enfants sont incroyablement rafraîchissant et réconfortants par leurs rires, leurs jeux, leurs câlins. 

Un incursion au coeur des vraies valeurs. J'ai un peu peur de mon retour. J'ai peur de trouver ma vie â Chicoutimi un peu superficielle et futile... Mais bon... Je devrais m'en remettre! ;-)

Dheisheh
Au camps de réfugiés de Dheisheh. Il y a environ 16 000 réfugiés qui ont dû fuir de 41 villes et villages en 1948 (lors de la création de l'État d'Israel) et en 1967 (lors de la guerre de 6 jours). 

Camps de réfugiés palestiniens
En fait, lors de la création d'Israel, tous les palestiniens qui habitaient sur ces terres (entre 700 000 et 900 000 personnes) ont dû quitter leur terres ancestrales, leurs maisons, leurs villages pour être placés dans des camps sur des terres louées par l'ONU du côté cisjordanien... Question de faire de la place aux juifs qui venaient s'installer dans le nouveau pays. 

Il y a, en Palestine, 7,2 millions de réfugiés qui vivent dans des quartiers ultra tassés, avec peu de services publics. Tout est contrôlé par les Israéliens : L'approvisionnement en eau, en électricité, en gaz. Ils n'ont pas l'autorisation d'importer directement des biens et services. Ils doivent systématiquement passer par Israel pour tous leurs achats. Selon les statistiques de l'ONU, il y a actuellement 58 camps de réfugiés en Palestine. 

Lors de leur création, en 1948, les camps n'étaient, évidemment, pas conçus pour durer aussi longtemps... Les fondations des maisons ont donc été construites pour supporter une maison d'un seul étage. Au cours des 60 dernières années, la population a grandit et les gens ont été contraints de construire en hauteur étant donné l'étroitesse du territoire du camps. Ce qui fait que les maisons ne sont vraiment pas solides. S'il y a un tremblement de terre un de ces jours, tout va s'effondrer.

Encore une fois, la loi internationale condamne cette situation. Mais dans les faits, rien ne change. En fait, Israel ne considère même pas qu'il y a des camps de réfugiés en Palestine.

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